La résilience pour la Transition

De nos jours, parler de “Transition Écologique” est devenu banal. En 2009, lorsque le mouvement des “Villes et Territoires en Transition” l’a proposée en France, cette expression n’était pas connue. Il en était de même pour le terme “résilience” avant la pandémie Covid-19. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, ni en 2009, ni en 2014, la deuxième initiative de Transition en France à Sucy-en-Brie (94370) Sucy Environnement Transition  n’a voulu utiliser le mot “résilience” dans ses statuts, alors qu’il  constitue  l’une des bases du mouvement de la Transition.

La Transition a été lancée en 2006 à Totnes, dans le sud de l’Angleterre, à partir de l’expérience de Rob Hopkin à Kinsales en 2005. L’outil principal des premières initiatives françaises était le Manuel de Transition publié par Rob Hopkins en 2008 en anglais et traduit en français fin 2010. Il expose les principes de la Transition et fournit de nombreux outils pour y parvenir.

Ce manuel reste une référence pour toutes les initiatives et nous pouvons, en le relisant, y redécouvrir la richesse de la Transition. Nous pouvons également prendre conscience des bienfaits de la résilience comme le rappelle le titre de l’introduction du manuel : “Aperçus séduisants de ce qu’est la “résilience”.

Le concept de résilience dans le Manuel

Le concept de résilience est au cœur du Manuel. Familier pour les écologistes, mais pas autant pour le reste de la population, ce concept fait référence à “l’aptitude d’un système, de l’échelle des individus à celle d’économies entières, à maintenir son intégrité et à continuer de fonctionner sous l’impact de changements et de chocs provenant de l’extérieur” .

Rob Hopkins, dans l’introduction du manuel, nous offre le récit de sa visite de deux semaines dans la vallée des Hunzas au nord du Pakistan en 1990. Le portrait qu’il fait de cette vallée perdue est idyllique : “il n’y avait pas de voitures mais des sentiers et des cultures d’abricotiers, de cerisiers, de pommiers, d'amandiers, et les coteaux étaient en polyculture”. “Les gens avaient l’air de toujours avoir le temps de s’arrêter pour se parler et passer du temps avec les enfants qui couraient pieds nus à travers champs”. “Si (à cette époque) la vallée de Hunza s’était retrouvée coupée du monde et des autoroutes de camions remplis de produits de l’économie mondiale, elle se serait très bien débrouillée...il s’agissait de résilience : une culture basée sur son aptitude à fonctionner indéfiniment et à vivre à l’intérieur de ses limites, se trouvant dès lors à même de prospérer pour avoir su y parvenir.”

“Différentes forces concourent à faire en sorte que la question de savoir si l’on préservera et améliorera la résilience plutôt que de la laisser s’effondrer est en passe de devenir très rapidement bien plus qu'un objet de débat philosophique. Il ne s’agit plus seulement de savoir si nous ne devrions pas remettre en cause les forces de la mondialisation économique parce qu’elles sont injustes, iniques ou rapaces, au point de détruire les systèmes écologiques et les cultures. Il s’agit plutôt de considérer le talon d’Achille de la mondialisation économique, dont rien ne saurait nous protéger si ce n’est la résilience…”.  

Personne n’a véritablement écouté le message de la Transition depuis 15 ans. Il est temps de reprendre sérieusement le flambeau pour prévenir les prochaines crises déjà annoncées. 

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